L’atelier a 1 an ! Alors j’ai fait le bilan. J’ai pris le temps de me poser les bonnes questions pour savoir où je voulais aller lors de la deuxième année.
Je vous propose donc une série de 4 articles : mon bilan personnel (en mode « cher journal » – c’est cet article), mon bilan qualité, mon bilan financier et mes objectifs pour la nouvelle année scolaire.
Si vous allez au bout de l’article, n’hésitez pas à commenter ou poser des questions, ça me fera plaisir!
Point de départ
Faire reset
Allez c’est parti. Prenez un bon café ou une petite tisane, installez-vous bien, ça va être long et honnête.
En septembre 2020, mon corps et ma tête se sont arrêtés. Je suis repartie de zéro physiquement, psychologiquement et professionnellement. Cela a été long, pas linéaire (oh ces rechutes…), mouvementé. Finalement, deux ans plus tard j’ai réussi à accepter que je devais me demander ce que je voulais. Et professionnellement, c’était de devenir potière.
C’était ça et seulement ça qui me faisait vibrer. C’était avec la terre que j’avais réussi à renaître, la première activité qui m’a rappelé que,mais si, j’étais capable. Capable de reprendre ma vie, mon identité ou plutôt de les rebâtir à ma manière, forte de tout le chemin parcouru avec résilience les deux dernières années. Malgré mes années d’études, mes compétences professionnelles, ma super équipe, ma santé mentale aléatoire, mes revenus et la sécurité du salariat, j’étais potière. Malgré tout cela, l’envie était enfin plus grande d’explorer cette envie qui venait de moi. Pas de la société, pas de mes insécurités, pas de ce que j’imaginais être le regard des autres.
Alors j’y suis allée doucement, à mon rythme, parce que mes envies étaient fragiles et que je devais refaire connaissance avec moi-même. Je me suis fait accompagner pour mon business plan et pour cette transition psychologique. Une fois rassurée par la faisabilité du projet, j’ai quitté mon entreprise et mes collègues. J’ai créé l’Atelier Ici la terre pour moi d’abord, puis pour transmettre cette idée que la terre et la créativité sont un incroyable remède.
Objectifs et envies 2022-23
Quand j’ai créé l’atelier, mes objectifs étaient assez simples : reprendre du plaisir à travailler, refaire connaissance avec moi-même en situation professionnelle. Écouter et tester mes envies.
Au fil des mois, cet objectif global s’est décomposé en de nouvelles envies plus précises dont je n’avais pas forcément conscience au début. Ca ressemble à ça :
Apprendre
J’ai décidé de passer le CAP, au début pour trouver la légitimité et la confiance en moi pour enseigner aux adultes. J’explique cela dans un autre article. Et en fait, j’ai trouvé la légitimité bien avant de passer le CAP, grâce aux premiers cours que j’ai donnés et à la collection que j’ai produite et vendue à l’automne. Le CAP m’aura permis de progresser techniquement, de structurer ce que je savais déjà, d’apprendre la fascinante histoire de la céramique et la technologie. Et oui au final, de faire taire le syndrôme de l’imposteur (mais il ne l’ouvrait plus trop depuis quelques mois déjà).
Petit à petit, j’ai appris à gérer mon entreprise : en fait je savais déjà le faire ! A part quelques petites spécificités techniques ou administratives propres à l’auto-entreprise, l’artisanat et l’enseignement, mes précédentes expériences professionnelles et ma personnalité curieuse et volontaire étaient une très bonne base.
Les marchés de Noël ont été de très bons exercices pour apprendre à mettre en valeur mon travail et mon histoire. J’avais très peur du retour en direct des clients, mais au final, comme cette première collection venait à 100% de moi-même, de mon parcours, je n’avais plus de crainte une fois derrière mon stand.
J’ai appris que je savais vous accueillir comme vous êtes et que c’était crucial pour moi. Avec vos envies, vos identités, vos capacités, vos insécurités, vos joies (souvent en chansons ou blagues) et vos peines. Je ne me suis rarement autant sentie connectée à l’humain et j’ai tellement envie de mettre en lumière toute cette diversité qui nous rend si riches. Au sens figuré bien sûr, le bilan financier, c’est après.
A suivre sur 2023-24 : continuer d’apprendre en travaillant, pas de formation en particulier cette année.
Me sentir à ma place
J’avais déjà eu cette impression lors d’une animation à l’école primaire du village au printemps 2022. Ce coup de foudre, un vrai déclic! Comme si on m’avait caché que j’en étais capable, que j’y avais droit et que je prendrais autant de plaisir dans ma vie professionnelle. Et cette impression ne m’a pas lâchée de l’année; ouf! Soit en filigrane, soit par gros coup de boost, comme après l’animation en IME, après ma première vente, après la semaine du CAP à Longchamp.
Et tout cela en restant moi-même. Incroyable.
A suivre sur 2023-24 : Continuer à suivre mes envies et mes sensations.
Maintenir un équilibre pro/perso
Je ne sais pas si “maintenir” est le mot… retrouver et maintenir, les deux. Stabiliser. J’ai encore du mal à résister à mes pulsions quand j’ai une idée ou une envie pro pendant les moments de famille. La frontière n’est pas simple à respecter, mais ce n’est pas nouveau. J’ai besoin de voir plus clairement quand cela pose problème pour les autres, parce que ce n’est pas toujours évident pour moi. Bien sûr que je ne travaille pas si on est occupé, en train de jouer, de discuter, ou à la plage. J’arrive à ne pas aller dans l’atelier sur mes moments off (sauf urgence), mais je n’ai pas trouvé l’interrupteur pour mon cerveau (et le téléphone, on en parle?). Il m’est par exemple arrivé de ne pas pouvoir résister à l’envie de tester une idée à l’atelier, de rechercher des infos sur un point technique qui me bloque, de faire des tableaux Excel, un inventaire, bricoler. Et puis la question des réseaux sociaux. Où est la frontière entre plaisir personnel et le besoin professionnel dans cette histoire? Est-ce qu’il faut une frontière? Quel est le risque s’il n’y en a pas? Quels en sont les bienfaits? Grosse question qui ne va pas se régler en quelques mots.
Mais globalement, la nouveauté, c’est que ce travail est une source de plaisir non négligeable! Et pour moi le plaisir a sa place dans les moments personnels.
A suivre sur 2023-24 : Je veux explorer cette question avec ma famille et ma psy, et si besoin mettre en place des solutions pratiques pour que ce soit plus simple à gérer à l’avenir. J’ai déjà désactivé les notifications instagram, c’est un début.
Me sentir en confiance avec le monde extérieur
Cela a été le plus dur, de sortir de mon cocon après avoir été anéantie. Mais en fait je n’ai pas changé. Je suis toujours à la fois méfiante et curieuse de l’autre. Ce qui a changé, c’est l’ampleur que prend la méfiance par rapport à la curiosité. Grâce aux cours, la curiosité a repris le dessus sur la crainte. Qu’est-ce que c’est beau de vous découvrir tel.le.s que vous êtes! Peut-être parce qu’enfin j’arrive à me montrer telle que je suis (et vice-versa) et que ça n’a pas l’air de déranger. J’aime vos particularités, vos histoires, votre honnêteté. Mais j’y vais à petite dose, en choisissant les moments, les personnes et les milieux, en m’écoutant.
Cette année la confiance a été rompue une ou deux fois, cela a été douloureux, mais j’ai fini par en tirer les conclusions à tête reposée, et à tourner la page. Mais j’ai compris, j’évite ces situations casse-gueule ou plutôt je m’y prépare. Je connais mes limites maintenant et je les (me) respecte.
Je me suis petit à petit entourée d’un réseau de personnes dynamiques et positives, qui me soutiennent localement et aussi à distance (coucou c’est vous!). Je pense aussi être une ressource pour ces personnes. Certain.e.s sont mes nouveaux et nouvelles collègues. Plus concrètement, j’ai eu la confirmation que je ne suis pas fan des réunions à rallonge, que je n’ai pas forcément besoin qu’on m’écoute et qu’on me voie en chair et en os. Ces contacts se font maintenant occasionnellement en vrai et plus souvent virtuellement et cela me convient.
A suivre sur 2023-24 : continuer à tisser des liens avec les professionnel.les de la région qui partagent mes problématiques.
Transmettre
C’était une évidence dès le départ et même avant. Quand je connais une bonne recette, je la partage autour de moi. Pour l’atelier, la recette c’est de laisser libre cours à sa créativité, toucher la terre, être soi-même ensemble, ici : tout cela est assez universel et j’avais envie d’être cette médiatrice entre la terre et vous. C’est un rôle qui me nourrit (au sens propre et bientôt figuré, cette fois-ci), qui me prend pas mal d’énergie aussi mais toujours avec plaisir. Je cherche les bonnes formules pour vous aider à franchir les obstacles techniques de la poterie et pour vous aider à trouver la confiance d’explorer. C’est une chouette aventure que l’on vit ensemble.
J’ai pu, de mon côté, explorer plein de manières différentes de transmettre : de manière guidée ou en création libre, à l’atelier ou dans la nature, avec les enfants et les adultes et même des ados, en modelage et au tour, avec des personnes tout terrain ou d’autres ayant des besoins spécifiques (spoiler alert : au final ça ne change rien).
A suivre sur 2023-24 : enseigner dans différentes structures et auprès de différents publics (en plus de ceux déjà testés avec succès) : centres de loisirs, crèches, entreprises, EHPAD, quand les opportunités se présenteront, en mode test.
Suivre mon rythme
Mon rythme n’est pas régulier mais il devient prévisible. Je n’ai pas tout le temps la même énergie à donner à mon travail et aux autres. Cette année j’ai proposé des cours sans engagement, notamment pour avoir une porte de sortie quand mon corps et ma tête saturaient. C’est aussi une formule que j’appréciais en tant qu’élève. Cela m’a permis de mieux comprendre mes limites et de me sentir assez en sécurité pour faire passer mon bien-être avant le reste. La confiance est revenue. Ce qui me prend toujours beaucoup d’énergie, c’est le “avant” et le “après” des moments avec l’extérieur ou devant une nouveauté. Mais j’arrive à préparer le terrain pour limiter les dégâts.
J’ai aussi pris le temps de créer une collection. La production et la vente m’ont imposé un rythme plus soutenu, moins prévisible, plus fatigant physiquement et moyennement compatible avec les temps d’enseignement. Mais ces moments de création et de production étaient très agréables, laissaient ma tête se reposer et compensaient parfaitement le “don” d’énergie pour les cours.
A suivre sur 2023-24 : L’enjeu de la prochaine année sera de pouvoir trouver l’équilibre entre la partie enseignement et la partie création/production de mon activité. J’ai besoin des deux pour être comblée. Trouver l’organisation qui me permettra de conjuguer les deux activités dans la sérénité sera la clé de cet équilibre.
Voilà, c’est un très beau début pour moi et j’espère bien être aussi épanouie la deuxième année!
Merci de m’avoir lue, n’hésitez pas à me poser des questions ou à commenter! Rendez-vous dans quelques jours pour la suite de mon bilan. On parlera qualité.